Mais pour renaître enfin sa rage expire :
Il se rasseoit sur le monde ébranlé.
Coulez, bons vins ; femmes, daignez sourire ;
Et l’univers est consolé.
Dieu ! que de souffrances nouvelles !
L’affreux vautour de l’Orient,
La peste a déployé ses ailes
Sur l’homme qui tombe en fuyant.
Le ciel s’apaise, et la pitié respire ;
On tend la main au malade exilé.
Coulez, bons vins ; femmes, daignez sourire ;
Et l’univers est consolé.
Mars enfin comble nos misères :
Des rois nous payons les défis.
Humide encor du sang des pères,
La terre boit le sang des fils.
Mais l’homme aussi se lasse de détruire,
Et la nature à son cœur a parlé.
Coulez, bons vins ; femmes, daignez sourire ;
Et l’univers est consolé.
Ah ! loin d’accuser la nature,
Du printemps chantons le retour ;
Des roses de sa chevelure
Parfumons la joie et l’amour.
Malgré l’horreur que l’esclavage inspire,
Sur les débris d’un empire écroulé,
Coulez, bons vins ; femmes, daignez sourire ;
Et l’univers est consolé.
Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 2.pdf/27
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.