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Pour son pays, pour la liberté sainte,
Il a depuis grandi dans les revers.
Des fers d’Olmutz nous effaçons l’empreinte.
Jours de triomphe, éclairez l’univers !

Ce vieil ami que tant d’ivresse accueille,
Par un héros ce héros adopté,
Bénit jadis, à sa première feuille,
L’arbre naissant de notre liberté.
Mais, aujourd’hui que l’arbre et son feuillage
Bravent en paix la foudre et les hivers,
Il vient s’asseoir sous son fertile ombrage.
Jours de triomphe, éclairez l’univers !

Autour de lui vois nos chefs, vois nos sages,
Nos vieux soldats, se rappelant ses traits ;
Vois tout un peuple et ces tribus sauvages
À son nom seul sortant de leurs forêts.
L’arbre sacré sur ce concours immense
Forme un abri de rameaux toujours verts :
Les vents au loin porteront sa semence.
Jours de triomphe, éclairez l’univers !

L’Européen, que frappent ces paroles,
Servit des rois, suivit des conquérants :
Un peuple esclave encensait ces idoles ;
Un peuple libre a des honneurs plus grands.
Hélas ! dit-il, et son œil sur les ondes
Semble chercher des bords lointains et chers :
Que la vertu rapproche les deux mondes !
Jours de triomphe, éclairez l’univers !