Troubadours et trouvères
Au nez des rois vidaient gaîment leurs verres.
Du romantisme jeune appui,
Descends de tes nuages ;
Tes torrents, tes orages,
Ceignent ton front d’un pâle ennui.
Mon camarade,
Tiens, bois rasade ;
C’est un julep pour ton cerveau malade.
Entre naître et mourir, hélas !
Puisqu’on ne fait que quelques pas,
On peut aller de travers ici-bas.
Narguant des lois sévères,
Troubadours et trouvères
Au nez des rois vidaient gaîment leurs verres.
Oui, trouvères et troubadours
Sablaient force champagne.
Mais je bats la campagne ;
L’ode et le vin font de ces tours.
Le ciel nous dote
D’une marotte
Tour à tour grave, et quinteuse et falote.
Le soleil s’est levé joyeux,
Le front barbouillé de vin vieux.
Ah ! tout poëte est le jouet des dieux.
Narguant des lois sévères,
Troubadours et trouvères
Au nez des rois vidaient gaîment leurs verres.
Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 2.pdf/238
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.