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L’ANGE EXILÉ


À CORINNE DE L***


Air : À soixante ans il ne faut pas remettre (Air noté )


Je veux pour vous prendre un ton moins frivole :
Corinne, il fut des anges révoltés.
Dieu sur leur front fait tomber sa parole,
Et dans l’abîme ils sont précipités. (bis.)
Doux, mais fragile, un seul, dans leur ruine,
Contre ses maux garde un puissant secours ; (bis.)

Il reste armé de sa lyre divine.
Ange aux yeux bleus, protégez-moi toujours.

bis.


L’enfer mugit d’un effroyable rire
Quand, dégoûté de l’orgueil des méchants,
L’ange, qui pleure en accordant sa lyre,
Fait éclater ses remords et ses chants.
Dieu d’un regard l’arrache au gouffre immonde,
Mais ici-bas veut qu’il charme nos jours.
La poésie enivrera le monde.
Ange aux yeux bleus, protégez-moi toujours.

Vers nous il vole en secouant ses ailes,
Comme l’oiseau que l’orage a mouillé.
Soudain la terre entend des voix nouvelles ;
Maint peuple errant s’arrête émerveillé.