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L’ÉPÉE DE DAMOCLÈS


Air : À soixante ans, etc. (Air noté )


De Damoclès l’épée est bien connue ;
En songe, à table, il m’a semblé la voir.
Sous cette épée et menaçante et nue
Denys l’ancien me forçait à m’asseoir. (bis.)
Je m’écriais : Que mon destin s’achève,
La coupe en main, au doux bruit des concerts ! (bis.)
Ô vieux Denys ! je me ris de ton glaive[1],
Je bois, je chante, et je siffle tes vers. (bis.)

Servez, disais-je, à messieurs de la bouche ;
Versez, versez, messieurs du gobelet.
Malheur d’autrui n’est point ce qui te touche,
Denys ; sur moi fais donc vite un couplet.
Ton Apollon à nos larmes fait trêve ;
Il nous égaie au sein d’affreux revers ;

  1. Denys l’ancien, tyran de Syracuse, était, comme on sait, un métromane déterminé ; il envoyait en prison ceux qui ne trouvaient pas ses vers bons. Nous avons eu aussi en France des rois qui se mêlaient d’écrire et de faire des vers. Quant à l’histoire du festin de Damoclès, elle est trop connus pour qu’il soit besoin de la rapporter ici.

    Cette chanson appartient au règne de Louis XVIII, qui, de même que Denys, avait la manie d’écrire et a fait beaucoup de petits vers.