Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 2.pdf/10

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Quand du rang qu’il doit occuper
Il tombe, trahi par Bellone,
Le sceptre lui peut échapper,
Mais il conserve sa couronne.

Belles, vous portez à quinze ans
La couronne de l’innocence :
Bientôt viennent les courtisans ;
Comme les rois on vous encense.
Comme eux de pièges séducteurs
L’artifice vous environne ;
Vous n’écoutez que vos flatteurs,
Et vous perdez votre couronne.

Perdre une couronne ! À ces mots
Chacun doit penser à la sienne.
Je n’ai point doublé les impôts :
Je n’ai point de noblesse ancienne.
Mon peuple, buvons de concert :
La place me paraît si bonne !
N’allez pas avant le dessert
Me faire abdiquer la couronne.