Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 1.pdf/80

Cette page a été validée par deux contributeurs.


MA GRAND’MÈRE


Air : En revenant de Bâle en Suisse (Air noté )


Ma grand’mère, un soir à sa fête,
De vin pur ayant bu deux doigts,
Nous disait en branlant la tête :
Que d’amoureux j’eus autrefois !

            Combien je regrette
            Mon bras si dodu,
            Ma jambe bien faite,
            Et le temps perdu !

bis.


Quoi ! maman, vous n’étiez pas sage ?
— Non vraiment ; et de mes appas
Seule à quinze ans j’appris l’usage,
Car la nuit je ne dormais pas.
            Combien je regrette
            Mon bras si dodu,
            Ma jambe bien faite,
            Et le temps perdu !

Maman, vous aviez le cœur tendre ?
— Oui, si tendre qu’à dix-sept ans,
Lindor ne se fit pas attendre,
Et qu’il n’attendit pas longtemps.
            Combien je regrette
            Mon bras si dodu,
            Ma jambe bien faite,
            Et le temps perdu !