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des honneurs et du pouvoir a infecté la plupart des hommes de la liberté, si quelque chose peut faire penser que Manuel, s’il eût vécu, serait resté peuple, et eût résisté à la contagion, c’est que Béranger l’a jugé ainsi.

Notre poëte a expliqué comment les trois journées de Juillet le trouvèrent disposé à la révolution de 1830, et quelles raisons l’ont empêché de se rendre complice des actes qui s’en sont suivis. Nous ne pouvons que renvoyer nos lecteurs à ce qu’il a écrit lui-même à ce sujet.

Ses œuvres ont été publiées successivement en cinq recueils ; le premier à la fin de 1815, le second à la fin de 1821, le troisième en 1825, le quatrième en 1828, et le cinquième en 1833. Le premier, qui était plus égrillard et gai que politique ; le troisième, qui parut sous le ministère spirituellement machiavélique de M. de Villèle ; et le cinquième, que cette année a vu mettre au jour, n’ont encouru aucun procès. Le recueil de 1821, attaqué par M. de Marchangy, et défendu par M. Dupin aîné, valut à l’auteur trois mois de prison ; celui de 1828, incriminé par M. de Champanhet (sous le ministère Martignac), et défendu par M. Barthe, le fit condamner à neuf mois de captivité. C’est tout ce qu’il y a à dire sur le matériel de ses ouvrages. Pendant que le poëte était retenu derrière les barreaux d’une prison, ses chansons, répétées dans tous les hameaux, narguaient les susceptibilités du pouvoir, et rappelaient au peuple que ses défenseurs désintéressés et ses véritables organes n’habitent pas les hôtels et les palais.