Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 1.pdf/377

Cette page a été validée par deux contributeurs.


D’autres buveurs, francs militaires,
Chantent l’amour à pleine voix,
Ou gaîment rapprochent leurs verres
Au souvenir de leurs exploits.
Il leur dit, ému jusqu’aux larmes :
« De l’amitié goûtez les charmes.
« Ah ! donnez, donnez, s’il vous plaît ;
« Comme vous j’ai porté les armes !
« Ah ! donnez, donnez, s’il vous plaît,
« À l’aveugle de Bagnolet. »

Faut-il enfin que je le dise ?
On le voit, pour son intérêt,
Moins à la porte de l’église
Qu’à la porte du cabaret.
Pour ceux que le plaisir couronne,
J’entends sa vielle qui résonne :
« Ah ! donnez, donnez, s’il vous plaît ;
« Le plaisir rend l’âme si bonne !
« Ah ! donnez, donnez, s’il vous plaît,
« À l’aveugle de Bagnolet. »