Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 1.pdf/331

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ah ! dites bien qu’amoureux et sensible,
D’un luth joyeux il attendrit les sons ;
Et bonne vieille, au coin d’un feu paisible,
De votre ami répétez les chansons.

Vous que j’appris à pleurer sur la France,
Dites surtout aux fils des nouveaux preux
Que j’ai chanté la gloire et l’espérance
Pour consoler mon pays malheureux.
Rappelez-leur que l’aquilon terrible,
De nos lauriers a détruit vingt moissons ;
Et bonne vieille, au coin d’un feu paisible,
De votre ami répétez les chansons.

Objet chéri, quand mon renom futile,
De vos vieux ans charmera les douleurs ;
À mon portrait, quand votre main débile,
Chaque printemps, suspendra quelques fleurs,
Levez les yeux vers ce monde invisible
Où pour toujours nous nous réunissons ;
Et bonne vieille, au coin d’un feu paisible,
De votre ami répétez les chansons.