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                    Dieu lui-même
            Ordonne qu’on aime.
Je vous le dis, en vérité :
Sauvez-vous par la charité.

Aux bons cœurs, ajoute la nonne,
Quand mes prières s’adressaient,
Du riche je portais l’aumône
Aux pauvres qui me bénissaient.
Moi, dit l’autre, par la détresse
Voyant l’honnête homme abattu,
Avec le prix d’une caresse,
Cent fois j’ai sauvé la vertu.

                    Dieu lui-même
            Ordonne qu’on aime.
Je vous le dis, en vérité :
Sauvez-vous par la charité.

Entrez, entrez, ô tendres femmes !
Répond le portier des élus :
La charité remplit vos âmes ;
Mon Dieu n’exige rien de plus.
On est admis dans son empire,
Pourvu qu’on ait séché des pleurs,
Sous la couronne du martyre,
Ou sous des couronnes de fleurs.

                    Dieu lui-même
            Ordonne qu’on aime.
Je vous le dis, en vérité :
Sauvez-vous par la charité.