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ment politique, elle s’expose à voir méconnaître son caractère sacré ; les plus tolérants deviennent intolérants pour elle ; les croyants qui croient autre chose que ce qu’elle enseigne, vont quelquefois, par représailles, l’attaquer jusque dans son sanctuaire. Moi, qui suis de ces croyants, je n’ai jamais été jusque-là : je me suis contenté de faire rire de la livrée du catholicisme. Est-ce de l’impiété ?

Enfin, grand nombre de mes chansons ne sont que des inspirations de sentiments intimes ou des caprices d’un esprit vagabond ; ce sont là mes filles chéries : voilà tout le bien que j’en veux dire au public. Je ferai seulement observer encore, qu’en jetant une grande variété dans mes recueils, celles-ci ont dû n’être pas inutiles non plus au succès des chansons politiques.

Quant à ces dernières, à n’en croire même que les adversaires les plus prononcés de l’opinion que j’ai défendue pendant quinze ans, elles ont exercé une puissante influence sur les masses, seul levier qui, désormais, rende les grandes choses possibles. L’honneur de cette influence, je ne l’ai pas réclamé au moment de la victoire : mon courage s’évanouit aux cris qu’elle fait pousser. Je crois, en vérité, que la défaite va mieux à mon humeur. Aujourd’hui, j’ose donc réclamer ma part dans le triomphe de 1830, triomphe que je n’ai su chanter que longtemps après et devant les sépultures des citoyens à qui nous le devons. Ma chanson d’adieu se ressent