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EN PRISON À BERLIN

de soupe. Enfin, quatre autres jours d’obscurité complète terminaient la période totale de quatorze jours. Alors, ces malheureux devenus libres relativement, c’est-à-dire comme nous, avaient la permission de circuler dans les corridors et les cellules des différents étages, avec accès à la cour pendant quelques heures de l’après-midi.

La vie de prison est monotone au suprême degré. Une de nos distractions favorites était le départ et l’arrivée des prisonniers et les potins divers que ce remue-ménage occasionnait. Dix prisonniers, en moyenne, étaient élargis chaque jour, et il en arrivait un nombre à peu près égal pour les remplacer.

Cette section de la Stadvogtei où nous étions confinés était sous la direction suprême de la Kommandantur de Berlin, qui était représentée à la prison elle-même par un officier. Pendant les trois ans de mon incarcération, l’officier représentant la Kommandantur fut toujours le même : l’ober-lieutenant Block. Sous cet officier se trouvait un sergent-major, et sous ce sergent-major, sept sous-officiers, un portier, lui-même sous-officier. Deux sous-officiers se tenaient au bureau, au rez-de-chaussée, et un sous-officier était chargé de la surveillance à chacun des cinq étages. Le sergent-major avait la surveillance générale et faisait son inspection chaque jour. Quant à l’officier Block, sa dignité le retenait au rivage, et ce n’est que deux ou trois fois par semaine qu’il daignait passer à travers les corridors, aux différents étages.