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assez mal le français et l’anglais. C’était, je crois, un mécanicien.

Mon estomac ne voulant pas abdiquer, je demandai à mes trois nouveaux compagnons de chambre s’il ne me serait pas possible de me procurer à déjeuner, leur expliquant que je n’avais pris aucune nourriture depuis plus de vingt-quatre heures.

— « Bien, me dit Robinson, le pain a été distribué ce matin à huit heures, et il est probable qu’il n’y en aura pas d’autre distribution avant demain matin à la même heure. »

C’était, on l’admettra, assez peu encourageant.

— « Mais enfin, repris-je, on ne m’a assurément pas amené ici, sachant qu’aucune occasion ne me serait donnée de prendre la moindre collation en cours de route, avec l’intention de me laisser mourir de faim. Il doit y avoir moyen de se procurer ici quelque nourriture ! »

Tous trois, en souriant tristement, manifestèrent un doute par leur attitude. Ils me regardèrent, haussèrent les épaules, en me faisant comprendre qu’il était impossible de se procurer quoi que ce soit.

— « Toutefois, dit l’un d’eux, il me reste un morceau de pain de ce matin, je vous le donnerai et Robinson vous fera du café. »

Pour une fois, je me permis de conclure du particulier au général, et je pensai : heureux pays que ceux dont les jockies et les courtiers sémites peuvent se montrer si secourables !… Le petit Robinson,