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MILLE ET UN JOURS

C’était le 26 juillet 1914, un dimanche. Nous nous promenions, ma femme et moi, dans le parc d’un village pyrénéen. Le soleil dardait ses rayons chauds et vivifiants, incendiant toute la vallée du Gave. Soudain, un camelot s’approche de nous portant sous son bras un paquet de journaux. Le gamin criait à tue-tête : — « C’est la guerre ! C’est la guerre ! » Nous lui coupons la parole en posant cette question :

— « Quelle guerre ? »…

— « Mais la guerre entre l’Autriche et la Serbie, monsieur. Vous aurez tous les détails en achetant mon journal : la Liberté du Sud-Ouest. »

En effet, ce matin-là, toute la presse européenne publiait le texte de l’ultimatum, désormais fameux, que l’Autriche venait de lancer à la petite Serbie.

Le lendemain, dans le rapide qui nous ramenait de Bordeaux à Paris, nous trouvions, à chaque gare importante, les plus récentes éditions des quotidiens français où était commenté à profusion, avec passion et nervosité, le document diplomatique qui menaçait de troubler la paix de l’Europe. — On discutait fiévreusement dans le compartiment où nous étions : — « C’est bien encore et toujours la perfide Autriche ! »… D’autres ajoutaient : — « C’est encore plus l’ambitieuse et traîtresse Allemagne qui inspire l’Autriche ! »

Nous nous hâtions de retourner à Anvers, en ne faisant à Paris qu’une halte de quelques jours. Nous