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De plus en plus ahuri, je me demandais où je pouvais bien entrer. Toutes sortes d’idées me traversèrent rapidement l’esprit, mais aucune d’elles n’eut le temps de s’y fixer définitivement. Les trois personnes au milieu desquelles on m’avait jeté me regardèrent attentivement. Je crus d’abord qu’ils étaient allemands. Je leur adressai la parole en français mais on ne me comprit pas. Alors, je leur parlai anglais et, cette fois, je fus compris. Voyant qu’ils parlaient anglais, je leur fis les questions suivantes :

— « Êtes-vous Anglais ?

— « Oui » répondirent-ils.

— « Et que faites-vous ici ? »

— « Ici, dirent-ils avec un léger sourire, nous sommes en prison. »

— « En prison ! en prison ! » dis-je. « Et moi ? » sur un ton interrogatoire assez prononcé.

— « Et vous, — dirent-ils toujours en souriant, — apparemment, vous êtes également en prison. »

Ces trois Anglais, comme je l’appris aussitôt, étaient M. Robinson, un jockey qui vivait en Allemagne depuis de nombreuses années, et qui parlait parfaitement l’allemand ; M. Aaron, Anglais naturalisé, Sémite d’origine tout probablement, et courtier de profession, né en Autriche, et qui habitait Berlin lors de la déclaration de la guerre. Quant au troisième, M. Stuhr, d’Anvers, — presqu’un compatriote pour moi, — parlait très bien l’allemand, mais