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estomac m’obsédaient de plus en plus, — car j’avais toujours à l’esprit la déclaration qui m’avait été faite à Anvers, à savoir que je serais conduit à Ruhleben. Je me berçais de la douce illusion qu’à cet endroit où nous venions d’arriver on me servirait à dîner, et qu’après une honnête sieste nous continuerions notre route jusqu’à ma destination définitive.

En attendant, je promenais mes regards tout autour de ce bureau, et j’examinais tour à tour les deux militaires de service. Mes deux compagnons, le sous-officier et le civil, étaient entrés en conversation avec eux en allemand. Le sous-officier tira de sa poche un papier quelconque, le remit au sergent-major qui, après l’avoir vérifié puis signé, le remit à mon sous-officier qui fit le salut militaire et disparut. Le personnage en civil dont j’ai toujours ignoré le nom, le rang ou la profession, me pressa la main et prit congé de moi, avec civilité et même déférence, pendant que les deux militaires du bureau se tenaient debout dans cette attitude de respect et de crainte qu’ont pu si souvent observer tous ceux qui ont visité l’Allemagne.

Immédiatement après le départ du monsieur en civil, le sous-officier de service m’invita à le suivre. Nous parcourons une longue suite de corridors très sombres, nous grimpons deux escaliers, pour déboucher dans un autre corridor, et pénétrer enfin dans une cellule du second étage, où se trouvaient déjà trois personnes.