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conçoit bien. Elle avait pu obtenir de la Kommandantur la permission d’occuper la même chambre que moi.

Enfin, comme il faut subir avec philosophie ce qui est inévitable ; comme c’était la guerre ; comme des millions et des millions d’êtres humains étaient beaucoup plus malheureux que nous pouvions l’être dans notre captivité, nous acceptâmes avec une résignation parfaite les petits inconvénients auxquels nous étions condamnés.

Le samedi, les enfants étaient arrivés à l’hôtel. Des fenêtres de la chambre que nous occupions, nous avions pu les voir traverser la cour intérieure et se diriger vers un bureau situé de l’autre côté de cette cour. Au moment où ils sortaient du bureau où, évidemment, ils s’étaient rendus pour obtenir la permission de nous voir, nous entrons en conversation avec eux du haut de notre quatrième étage.

Une première parole était à peine tombée de nos lèvres qu’une tempête éclata : deux de ces militaires étaient sortis et nous lançaient, à bouche et gorge que veux-tu, toutes sortes d’invectives à nous, là-haut, parce que nous avions adressé la parole à nos enfants, et aux enfants parce qu’ils avaient eu l’audace de nous répondre. Terrible provocation, en effet, que celle d’enfants échangeant quelques paroles avec leurs parents !

Les enfants furent éconduits on ne peut plus cavalièrement, et nous fûmes privés de les voir ce jour-là. Le lendemain, une permission spéciale leur fut