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C’est un document que je considère de la plus haute importance : le chef de la police allemande à Anvers y déclare, sous sa signature, que je n’ai pas à prendre d’inquiétude, que je jouirais toujours d’une parfaite immunité.

Cette sécurité, toutefois, devait être de courte durée. Le trois juin (1915), alors que je n’appréhendais pas sérieusement de nouveaux ennuis, deux soldats se présentent chez moi et m’enjoignent de les accompagner de nouveau à Anvers. Je m’imaginai que, cette fois encore, il s’agissait d’une nouvelle visite à un bureau quelconque, et que tout cela ne saurait avoir de conséquence fâcheuse.

Je partis donc sans la moindre hésitation, ne craignant nulle chose, ayant pour tout arme et bagage, ma canne. J’étais bien loin de me douter que ce voyage serait aussi long qu’il a été, — et même aujourd’hui, de retour dans mon beau Canada, à la fin de l’an de paix et de grâce 1918, je ne saurais m’imaginer quand et dans quelles circonstances il me sera donné de revoir ce petit village de Capellen, où j’ai vécu peu de jours, mais qui est tout plein de souvenirs précieux et impérissables. — L’un des soldats qui m’accompagnaient parlait le français. Il feignait de croire qu’il ne s’agissait que d’une formalité insignifiante, que le soir même je serais de retour à Capellen.

À Anvers, les soldats me conduisirent rue des Récollets, et me laissèrent dans une salle basse et som-