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une salle d’attente où j’entrai et me trouvai au milieu d’un groupe de soldats causant et fumant.

Un de ces soldats reçut un bref commandement : il se leva, s’affubla du casque à pointe, passa la bande de sa carabine à son épaule, et me dit simplement : « Commen sie mit. » Ce qu’avec raison j’interprétai comme voulant dire : « Venez avec moi. » Pour la première fois, j’avais l’honneur de parader dans les rues avec un disciple de Bismarck.

Les gens de Capellen, qui me connaissaient déjà assez bien, se plaçaient sur le seuil de leur porte pour me voir passer. Quelques minutes plus tard, nous étions à Anvers. Je fus conduit à la Bourse, immense édifice qui avait eu l’honneur de recevoir une bombe lors du raid aérien du 25 août (1914).

Les Allemands avaient installé dans la Bourse un bureau de contrôle pour les étrangers. Je l’ignorais alors, mais je l’appris en assez peu de temps… Je fus introduit dans une certaine pièce sur la porte de laquelle j’avais lu le nom de l’officier en charge, le lieutenant Arnim. Je prie le lecteur de croire que je n’oublierai jamais ce nom, pas plus que le personnage qui le portait.

À l’intérieur de ce bureau se trouvait une table assez longue, à l’extrémité de laquelle deux militaires étaient assis ; à gauche, un officier de taille exiguë et mince de figure, et à droite, un sous-officier de corpulence respectable.

En m’apercevant, l’officier m’apostropha d’une manière violente :