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sation en allemand, il était, au civil, avocat pratiquant à Dortmund. Il regardait tour à tour chacun de nous et très attentivement comme s’il eût voulu scruter le fond de nos âmes et découvrir les sentiments particuliers qui s’y cachaient. Il parut fort surpris de rencontrer en M. Spaet un Belge parlant si parfaitement l’allemand. M. Spaet lui donna, à ce sujet, et d’une manière franche et loyale, les explications désirées. Puis il lui demanda :

— « Que devons-nous faire ? »

— « Rien, dit-il, d’ailleurs ce n’est pas avec moi que vous aurez à traiter, je ne suis en vérité qu’un précurseur, c’est avec le major X…, qui viendra tout à l’heure, que vous aurez à vous entendre. »

Il nous quitta, et quelques minutes plus tard nous arriva, en automobile, un véritable officier supérieur prussien, accompagné d’un jeune officier très élégant. Ce major réalisait à mes yeux le type idéal de l’officier prussien. Il était vêtu d’un uniforme resplendissant, et coiffé d’un casque métallique, si je ne me trompe, encore plus étincelant. Enfin, il avait des moustaches blondes très à la Guillaume.

À ce moment, comme pendant les jours précédents, il y avait une foule considérable en face de la mairie qui est située sur le grand chemin conduisant d’Anvers à la Hollande. La place publique était encombrée de réfugiés venus de tous côtés. Le major sembla très ennuyé de ce rassemblement et nous demanda :