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et prêts à partir pour la Hollande, je dis : — « Chacun retourne à son lit », et je fais rapport de ma visite à M. Spaet. On se remit au lit, mais comme on le pense bien le sommeil fut lent à fermer les paupières.

Une autre formidable détonation eut lieu peu après. C’était un second fort, celui de Capellen, qui venait de sauter. L’immense maison que nous habitions en fut secouée comme une simple feuille d’arbre. Quelques minutes plus tard, la servante vint de nouveau me dire que le visiteur qui était venu une heure auparavant était encore là et désirait me parler. Je me rends auprès de lui. C’était bien le même. Comme il insistait de nouveau pour nous décider à partir, je lui posai cette question :

— « Que font tous les autres de Capellen ? »…

— « Tous les autres sont partis », me dit-il.

— « Et M. Spaet, lui ? »…

— « M. Spaet ?… mais il est en Hollande comme les autres. »

Constatant que mon interlocuteur était un menteur, et qu’étant menteur, il pouvait bien également être un voleur, j’en vins à la conclusion qu’il s’agissait d’un plan sinistre organisé par un de ces chacals qui suivent ou précèdent les armées, pour piller le château après notre départ. J’indiquai la porte à ce louche personnage, et l’incident fut clos… Mais quelle nuit nous avions passée !

Bientôt le jour parut : un soleil radieux se levait et dorait le feuillage déjà jauni par l’automne. En