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pièce pour y passer la nuit ; on improvisa des lits, et chacun se blottit aussi bien que possible dans son coin.

Il était bien une heure du matin, dans la nuit du vendredi au samedi, lorsqu’une servante frappa à ma porte et me dit que quelqu’un désirait me voir. Je me rendis à la porte où ce citoyen attendait. C’était un Belge ou, plus exactement, un soi-disant Belge qui venait me donner le conseil de partir immédiatement pour la Hollande avec toute ma famille. Il ajoutait que les Allemands avaient quitté Anvers quelques heures auparavant, en gros détachements, qu’ils s’avançaient à grands pas vers Capellen, qu’ils étaient rendus au village d’Eccheren, et qu’ils mettaient tout à feu et à sang sur leur passage. Il prétendait être lui-même en route pour la Hollande avec sa vieille mère.

— « D’où êtes-vous ? », lui demandai-je.

— « De Contieh. »

— « Où est votre mère ? »

— « J’ai laissé ma mère dans une maison de paysans, à quelques pas d’ici, et je vais immédiatement la rejoindre. »

— « C’est très bien, lui dis-je, et merci de vos bons conseils. »

En me quittant, il insista de nouveau, disant : — « Il n’y a pas de temps à perdre, la vie de votre femme et de vos enfants est en danger. » Enfin il me quitte. Je ferme la porte et je donne instruction à