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EN PRISON À BERLIN

naient leur marche vers la Hollande, et c’était de nouveau le triste défilé de cette longue et lamentable théorie de nécessiteux allant tout droit devant eux, sans but, en quête d’un foyer étranger qui daignerait leur être hospitalier !…

Le vendredi, jour de la prise d’Anvers, les troupes allemandes entrèrent dans la ville vers 9 heures du matin.

Afin de faire un récit, le plus exact possible de la manière dont l’armée allemande procéda à l’occupation d’Anvers, j’utiliserai certaines confidences que me fit un officier allemand, qui fit partie de l’armée d’invasion, et qui logea chez nous pendant environ trois mois après la prise de la ville.

Lorsque la résistance belge eut cessé, c’est-à-dire dans la nuit du 8 au 9 octobre, les Allemands, comme je l’ai dit plus haut, continuèrent le bombardement de la ville jusqu’à 7 heures le lendemain matin. À 9 heures, les premiers régiments allemands reçurent l’ordre de pénétrer à l’intérieur des murs. Toute l’armée allemande était sous l’impression que la ville serait défendue, pied à pied, à l’intérieur des murs… On croyait que l’armée belge, forte de 90,000 à 100,000 hommes, y était demeurée.

Les Allemands, qui n’avaient à leur disposition que 55,000 hommes, — si j’en crois mon officier, — redoutaient une prise corps à corps dans les rues de la ville. L’ordre fut donné, comme je viens de le dire, de pénétrer dans la ville par les portes du sud-est. Régiments après régiments entrèrent par la porte de Deurne, baïonnette au canon, marchant,