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MILLE ET UN JOURS

Le gouverneur von Bissing ne répondit pas autrement que la première fois. Évitant toute discussion directe, il se borna à reprendre les arguments exposés le 26 octobre. Cela lui valut, de la part du cardinal, une nouvelle protestation pleine de cœur et de dignité :



Malines, le 29 novembre 1916.


Monsieur le Gouverneur Général,


La lettre (1.11254) que Votre Excellence me fait l’honneur de m’écrire, sous la date du 23 novembre, est pour moi une déception. En plusieurs milieux, que j’avais lieu de croire exactement renseignés, il se disait que Votre Excellence s’était fait un devoir de protester devant les plus hautes autorités de l’empire, contre les mesures qu’Elle est contrainte d’appliquer à la Belgique. J’escomptais donc pour le moins un délai dans l’application de ces mesures, en attendant qu’elles fussent soumises à un examen nouveau, et un adoucissement aux procédés qui les mettent à exécution.

Or, voici que, sans répondre un mot à aucun des arguments par lesquels j’établissais, dans mes lettres du 19 octobre et du 10 novembre, le caractère anti-juridique et antisocial de la condamnation de la classe ouvrière belge aux travaux forcés et à la déportation, Votre Excellence se borne à reprendre dans sa dépêche du 23 novembre le texte même de sa lettre du 26 octobre. Ses deux lettres du 23 novembre et du 26