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MILLE ET UN JOURS


Malines, Noël, 1914.


Mes bien chers Frères,


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Lorsque, dès mon retour de Rome, au Havre, déjà, j’allai saluer nos blessés belges, français ou anglais ; lorsque, plus tard, à Malines, à Louvain, à Anvers, il me fut donné de serrer la main à ces braves, qui portaient dans leurs tissus une balle ou au front une blessure, pour avoir marché à l’assaut de l’ennemi ou soutenu le choc de ses attaques, il me venait spontanément aux lèvres pour eux une parole de reconnaissance émue : Mes vaillants amis, leur disais-je, c’est pour nous, pour chacun de nous, pour moi, que vous avez exposé votre vie et que vous souffrez. J’ai besoin de vous dire mon respect, ma gratitude, et de vous assurer que le pays entier sait ce qu’il vous doit.

C’est que, en effet, nos soldats sont nos sauveurs.

Une première fois, à Liège, ils ont sauvé la France ; une seconde fois, en Flandre, ils ont arrêté la marche de l’ennemi vers Calais : la France et l’Angleterre ne l’ignorent point, et la Belgique apparaît aujourd’hui devant elles, et devant le monde entier, d’ailleurs, comme une terre de héros. Jamais, de ma vie, je ne me suis senti aussi fier d’être Belge que, lorsque traversant Paris, traversant les gares françaises, faisant halte à Paris, visitant Londres, je fus partout le témoin de l’admiration enthousiaste de nos alliés pour l’héroïsme de notre armée. Notre Roi est, dans l’estime de tous, au sommet de l’échelle morale ; il est seul, sans doute à l’ignorer, tandis que, pareil au plus simple de nos soldats, il parcourt