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MILLE ET UN JOURS

tout l’agencement des événements qui ont précédé l’invasion de la Belgique quelque astucieux qu’il soit, n’empêchera pas l’histoire de « rapporter » contre Guillaume Hohonzollern et son entourage, un verdict de culpabilité.

L’entrevue de Postdam, du 5 juillet 1914, à laquelle assistait le Kaiser et les délégués de l’Autriche ; l’ultimatum à la Serbie ; le refus de l’Autriche d’accepter la réponse si satisfaisante, et si conciliatrice de la Serbie, et cela, ostensiblement, sans consultation préalable avec l’Allemagne, — tout n’était-il pas effectivement décidé depuis le 5 juillet ? — le rejet par l’Allemagne de la proposition de conférence faite par Sir Edward Grey, ministre des Affaires Étrangères d’Angleterre, les hésitations, les faux-fuyants de M. Von Jagow, devant M. Cambon, l’ambassadeur de France ; l’entrée en Belgique de troupes allemandes, le 31 juillet, dans la nuit, c’est-à-dire deux jours avant l’ultimatum de Guillaume au roi des Belges ; les correspondances télégraphiques avec le Czar de Russie et le roi Georges V : tout enfin, porte à sa face l’empreinte de la duplicité.

Des artisans ténébreux du complot et du meurtre de Sarajevo, l’histoire impartiale parlera plus tard…

La masse de la population allemande, mise en possession de ces faits historiques, débarrassés de tout camouflage pangermaniste, n’hésitera pas, — et déjà, au moment où nous écrivons ces lignes, il est évident qu’elle n’hésite pas, — à se dresser comme formidable