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MILLE ET UN JOURS

Quel spectacle s’offrait à nos regards ! — Vingt-quatre bâtiments disposés sur trois lignes fendaient les ondes, vomissant une épaisse fumée. Au centre précédé d’un hardi croiseur venaient les sept vaisseaux chargés de passagers, de chaque côté huit lévriers de la mer, navires de type particulier sillonnaient la surface dans toutes les directions, comme à la recherche d’un gibier ennemi à dévorer.

Et après un beau désordre apparent, des échanges de signaux, quelques courses à droite à gauche, une affaire de trois minutes, la situation s’était de nouveau éclaircie : sept vaisseaux longeaient la côte de Hollande en sécurité ; les navires de guerre, dix-sept, avaient fait volte-face et l’imposant convoi, modelé sur le dernier, entreprenait le passage de la zône la plus dangereuse de la Mer du Nord.

Tout alla bien jusqu’à deux heures après-midi. Mais alors un champ de mines était signalé, quelques-unes, non complètement submergées, laissaient percer à la surface leur tête ressemblant à un chapeau de feutre noir.

Et les croiseurs et les torpilleurs s’en donnaient. Les merveilleux artilleurs pointaient leurs canons, tiraient, puis faisaient feu jusqu’à ce qu’une formidable explosion de la mine, lançant une colonne d’eau vers le ciel vint nous indiquer que le but était atteint.

Feu roulant pendant une heure ! Nous avions traversé le champ de mines fraîchement pondues,