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MILLE ET UN JOURS

que le gouvernement anglais avait consenti à échanger contre moi, venait d’arriver en Hollande, en route vers l’Allemagne.

Trois semaines plus tard, ma fille sortait de Belgique. C’est à Rosendaal que nous nous sommes rencontrés après trois ans de séparation. Les trois semaines que nous avons passées en ce charmant pays, au milieu de cette brave population hollandaise, aux vieilles coutumes et aux costumes étranges, jouissant de la plus entière liberté et d’une température délicieuse furent des jours de bonheur qui demeureront inoubliables.

Toutefois, l’heure de reprendre notre course vers le foyer canadien allait bientôt sonner. Gavés de liberté, d’air pur et l’âme imprégnée du désir de revoir les paysages d’Amérique que depuis quatre ans nous n’avions pu contempler, nous décidâmes de faire les préparatifs nécessaires à la traversée de la Mer du Nord qui nous séparait de l’Angleterre.

Depuis dix-huit mois cette mer était infestée de pirates. Les sous-marins allemands y avaient deux bases principales, celle de la Baie de Kiel et celle de Zeebrugge. De ces deux points, et en particulier de Zeebrugge, les pirates allemands pouvaient en quelques heures pousser une pointe jusqu’à la côte d’Angleterre ou jusqu’à la route maritime Rotterdam-Harwich. C’était leur champ d’opération par excellence.

Nous le savions, certes, nous en avions même lon-