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MILLE ET UN JOURS

cette époque où le cuivre n’était pas encore si rare en Allemagne.

Les revues artistiques de Berlin ne s’étaient jamais étendues très longuement sur les qualités artistiques du monument. Il était, en vérité, affreux. Mais une polémique s’engagea un jour dans les journaux entre deux sculpteurs qui prétendaient l’un et l’autre avoir été le père de cette idée géniale. Quelle ambition !

Il n’est pas exagéré de dire que la popularité dont jouissait Hindenburg en Allemagne l’emportait visiblement sur la vénération dont on entourait la personne de l’empereur, et même, j’ai entendu plusieurs sous-officiers me dire, confidentiellement, que Hindenburg était beaucoup plus populaire que l’empereur. Cet ascendant que prenait Hindenburg sur l’imagination populaire ne cessait pas d’inquiéter l’empereur lui-même. Aussi, à chaque nouvelle victoire de Hindenburg, Guillaume s’empressait d’accourir sur le champ de bataille et, de l’endroit, il lançait une dépêche à l’impératrice, comme pour faire comprendre à son peuple qu’il était véritablement le génie stratégique responsable du succès. C’était à ce point que lorsqu’une opération militaire se développait favorablement pour l’Allemagne, soit en Galicie, soit en Roumanie, nous savions prédire, un jour ou deux à l’avance, qu’une dépêche sensationnelle serait publiée dans les journaux, venant du