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EN PRISON À BERLIN

et de beaucoup de responsabilité. Il était investi de pouvoirs considérables, et personne ne le sait mieux que ceux qui, contre leur gré, et malgré leurs protestations, furent détenus pendant des mois et des années à la prison de la rue Dirksen.

Il visitait la prison ce jour-là, et il avait daigné m’entendre. C’est une façon de dire qu’il condescendait à répondre personnellement aux innombrables requêtes que j’avais adressées aux autorités depuis quelques mois. Périodiquement, j’entreprenais contre ces autorités ce que l’on pourrait appeler une offensive de liberté. Cette fois, je soumettais au capitaine Wolff, — parlant à sa personne, — que j’avais été arrêté en pays neutre, c’est-à-dire en Belgique ; qu’aucun sujet étranger n’aurait dû être fait prisonnier en ce pays, du moins avant que les autorités militaires n’eussent donné à ces sujets étrangers l’occasion de sortir du territoire.

— « Mais la Belgique n’est pas, et n’était pas un pays neutre. »

— « Je ne vous entends pas », lui dis-je.

— « La Belgique était devenue l’alliée de l’Angleterre contre l’Allemagne. »

— « Je vous entends encore moins. »

— « N’avez-vous pas lu les documents qui ont été extraits des archives de Bruxelles, documents officiels qui sont une confirmation irréfutable de ma prétention ? »

En effet, la Gazette de l’Allemagne du Nord, jour-