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EN PRISON À BERLIN

Toutes mes malles, valises, colis, etc., etc., étaient prêts pour l’inspection, régulièrement alignés dans la petite gare de fortune construite à cet endroit.

On avait été averti, ou on avait deviné, que j’étais un prisonnier de nationalité anglaise — oiseau rare en ces parages, — car tous les inspecteurs des deux sexes s’étaient donné rendez-vous autour de mes bagages, et de ma personne. Il y avait des dames : d’ordinaire, on utilise leurs services discrets pour faire les perquisitions chez les passagers du sexe féminin. Elles semblaient n’être venues là, avec les autres, que par simple curiosité, pour orner la scène et égayer l’entrevue.

L’inspection est minutieuse, et je dois le dire, n’est pas faite intelligemment. Le sous-officier qui était chargé spécialement de faire l’inspection de mes bagages s’est révélé souverainement stupide. Dans l’une de mes valises il remarqua un petit calepin couvert en cuir, et portant en petites lettres dorées, repoussées dans le cuir, le mot : Tagebuch, qui veut dire simplement : Journal. Il le mit de côté, apparemment pour le confisquer. Je protestai contre ce procédé, et je lui demandai pourquoi il voulait retenir ce petit cahier qui ne contenait, en somme, rien d’écrit. Le sous-officier me répondit : — « C’est imprimé, et nous avons ordre de retenir tout ce qui est écrit ou imprimé. »

Quelle stupidité pensais-je en moi-même ! Je lui fis remarquer qu’il n’y avait rien d’écrit, et que le