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MILLE ET UN JOURS

— « Eh ! bien, c’est cela, mais je vous prie de n’en pas desserrer les dents, car je serais fortement réprimandé, et même puni pour vous avoir communiqué cette nouvelle moi-même. »

C’était la première fois que je me rendais à la Kommandantur. Je fus introduit dans une certaine pièce, où je me trouvai en présence d’un officier, le capitaine Wolff, le même qui venait à la prison, de temps à autre, recevoir les dépositions des prisonniers. En tout ce qui regardait l’administration de la prison, c’est lui qui semblait faire le chaud et le froid. Cet homme a laissé un souvenir peu enviable chez tous les Anglais qui ont été mes compagnons de captivité. Quant à moi, je lui pardonnerai difficilement d’avoir ignoré et laissé sans réponse des douzaines et des douzaines de suppliques que je lui ai adressées pendant trois années.

Il était là, me regardant et ne disant mot.

— « Bonjour, Monsieur », lui dis-je.

— « Bonjour !… Je vous ai fait venir pour vous apprendre que vous serez bientôt libéré. »

— « Quand ? »…

— « La semaine prochaine. »

— « Quel jour ? »…

— « Jeudi. »  

— « Au moins, est-ce que c’est bien certain ? »  …

— « Comment ? »  …

— « Je vous demande si, cette fois, ma libération est bien certaine ? »