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EN PRISON À BERLIN

Le lendemain, la fière et noble réponse du roi et du gouvernement belge à l’ultimatum allemand était publié. Un héraut en lisait le texte à tous les coins de rues aboutissant à la digue. Une troupe bruyante de jeunes gens suivaient le héraut, et chaque fois que la lecture du document était terminée, un tonnerre d’acclamations sortait de ces jeunes poitrines.

Cependant les nouvelles les plus alarmantes couraient de bouche en bouche : on disait que Visé était en feu, qu’Argenteau avait été détruit, que des civils avaient été exécutés ; que c’étaient, dans la région située à l’est de la Meuse, la terreur et la dévastation ; que les Allemands, sans même attendre la réponse faite par la Belgique à leur sommation provocante, en avaient envahi le territoire. Cette violation du territoire belge ne me surprit pas énormément après les révélations qui nous avaient été faites par ce monsieur et cette dame de Gand sur le train qui nous avait amenés à Ostende.

On s’imagine quelles angoisses ces sinistres nouvelles créaient chez nous, chez nos amis de la plage, comme chez tous les belges en villégiature, à Middelkerke, à Ostende, et dans les environs. Je me rappelle encore la cruelle anxiété dans laquelle se trouvait cette pauvre dame Anciault, dont la résidence habituelle était aux environs de Liège. Elle était sans nouvelles de son mari et de quelques-uns de ses enfants demeurés dans l’est de la Belgique.