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EN PRISON À BERLIN

répété et répété mes requêtes sans autre résultat que de voir, après deux ou trois mois de démarches, un officier de la Kommandantur s’amener à ma cellule où il se contentait de recevoir une déposition établissant pourquoi j’étais venu en Belgique et ce que j’y avais fait, etc., toutes choses que les autorités allemandes connaissaient depuis longtemps. On me faisait signer une procès-verbal insignifiant, et on me quittait presque en se moquant de moi.

« Ma femme était malade depuis un certain temps déjà. Pendant des mois et des mois, cette maladie faisait des progrès constants ; les nouvelles que je recevais chaque semaine de mes enfants et du médecin m’indiquaient suffisamment que la maladie était fatale. J’ai supplié qu’on me permît de la visiter : on n’a pas daigné répondre à ma demande. Dans les deux dernières semaines de sa maladie, je fus prévenu, par dépêche, que je devais me hâter de me rendre auprès d’elle si je voulais la voir vivante : j’ai assiégé la Kommandantur de demandes quotidiennes pendant tout ce temps, mais toujours sans recevoir de réponse. J’ai offert aux autorités de défrayer les dépenses de deux militaires qui m’accompagneraient de Berlin à Anvers, d’où je m’engageais à revenir dès le lendemain. Cette demande fut encore refusée. On retint ma correspondance ; et pendant une douzaine de jours, je fus sans nouvelles de ma famille, en Belgique ; après ces douze jours d’angoisses indicibles, un officier venait m’apprendre que ma femme était morte, et lorsque je le