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MILLE ET UN JOURS

bouclés, quand on vint de nouveau me prévenir que le fameux document n’était pas là, que je devrais attendre encore quelques jours. Naturellement, je fus très ennuyé de ce nouveau retard, et je m’exerçais de mon mieux à la patience depuis deux semaines qui me parurent longues comme deux siècles, quand, enfin, un officier de la Kommandantur, le major Schachian, me fit appeler au bureau. Il venait m’expliquer que la Kommandantur de Berlin avait décidé de me remettre en liberté, et de me permettre de retourner en Belgique auprès de ma famille, et en particulier auprès de ma femme qui, à cette époque, était déjà souffrante depuis six mois, mais… une autorité supérieure avait désavoué cette décision.

On conçoit ma profonde désillusion. Je m’appliquai à faire remarquer à cet officier que j’étais détenu, bien que médecin, et cela en contravention avec toutes les lois internationales ; qu’en plus, j’avais à maintes reprises reçu l’assurance, de la part des autorités allemandes à Anvers, que je ne serais jamais molesté ; que j’avais pratiqué ma profession, non seulement à l’hôpital, avant la prise d’Anvers, mais encore depuis cette date chez la population civile de Capellen. L’officier n’en disconvenait pas, mais il ajoutait : — « Vous avez pratiqué la médecine par charité, vous n’avez pas pratiqué régulièrement ! » Est-il concevable qu’un homme de sa position puisse faire une remarque aussi saugrenue ?… Je n’en revenais pas. Je lui fis l’observation suivante :

— « J’ai toujours compris que la liberté des mé-