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ridors. Il forma le projet colossal de s’évader par le toit, car il occupait une chambre au cinquième.

Les fenêtres des cellules du cinquième sont situées immédiatement sous le toit qui surplombe légèrement, mais n’offre aucune prise à la main. Le plan de notre Français était de scier une des barres de fer de la fenêtre, de sortir par l’étroite ouverture ainsi pratiquée, et de grimper sur le toit. Cette opération, dont je devais être témoin, fut parfaitement exécutée. C’était, il faut l’admettre, un tour de force mirobolant et une véritable réussite d’acrobatie.

Dès le matin, j’avais été prévenu par le prisonnier lui-même qu’il allait tenter son évasion vers onze heures du soir. À l’heure dite, je me tenais debout, sur ma chaise, ayant la tête au niveau de ma fenêtre. Ma cellule se trouvant au même étage que la sienne, je pouvais facilement observer tous les mouvements qu’il faisait au cours de son évasion.

La barre de fer préalablement sciée, fut d’abord écartée de son point d’appui par le bas, ce qui donna l’espace nécessaire pour permettre au prisonnier de sortir. Au moyen d’une serviette solidement attachée aux autres barreaux, il se préservait de toute chute éventuelle qui eut été fatale, puisque sa fenêtre était à soixante pieds au-dessus de la cour inférieure, entièrement pavée.

Il s’était fait un point d’appui au moyen d’une petite planchette qu’il avait glissée, au sommet de la fenêtre, entre les briques et la barre de fer horizontale, à laquelle sont fixées les barres verticales. Cette