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MILLE ET UN JOURS

on le fait comparaître devant le major du régiment, ce même major qui lui avait octroyé un permis pour aller à Hambourg. En apercevant Werner, le major est près d’étouffer de rage : il peste, il jure, et il enjoint à Werner de disparaître immédiatement, et de ne revenir devant lui qu’après avoir remis son uniforme.

On trouve dans un coin, à l’étage inférieur, quelques vieux uniformes. Werner en passe un et on le ramène devant le major qui s’exclame, se fâche, frappe la table de ses poings, menace Werner des punitions les plus sévères, et même de le faire coller au mur, et enfin, ayant un peu repris ses sens, il lui demande ce qu’il a fait de son uniforme. Werner répond qu’il l’a renvoyé au régiment.

— « Monsonge ! Mensonge ! » reprit l’officier.

— « Il est facile d’en faire la preuve dit Werner, demandez si on n’a pas reçu un uniforme renvoyé au régiment ? »

On s’empresse de faire enquête, et on découvre qu’en effet un colis contenant un uniforme de grenadier est arrivé, quelques semaines auparavant, venant d’Anvers. C’était l’uniforme de Werner.

On renvoie donc Werner en prison en attendant que l’on fasse son procès en Cour martiale. On lui offre un défenseur : il refuse. Traduit devant les juges de la Cour martiale, on le somme d’expliquer sa conduite avant que jugement ne soit rendu contre lui. Werner s’exprime à peu près en ces termes :