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des prisonniers de quelque nationalité qu’ils fussent. Tous ceux qui l’ont connu, au cours des trois années qu’il a passées à la Stadvogtei, garderont un bon souvenir de son grand coeur et de sa belle intelligence.


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Le sujet des déportations belges a fait les frais de nombreuses polémiques dans la presse mondiale, pendant un certain temps, et je ne saurais ajouter rien de nouveau à tout ce qui s’est dit. La presse allemande a concédé, avec hésitation et répugnance, que des déportations de Belges en Allemagne avaient eu lieu. Les faits, toutefois, crevaient tellement les yeux qu’il eut été impossible de le cacher plus longtemps.

Nous avions, à la prison, un grand nombre de ces déportés qui avaient refusé de travailler… pour le roi de Prusse. D’autres ayant accepté du travail afin d’améliorer la position pénible dans laquelle ils se trouvaient placés au camp de Gruben, étaient si maltraités et si mal nourris, qu’ils quittaient tout bonnement leur usine ou les puits de mine de charbon. Ils étaient alors amenés à la Stadvogtei.

Nous en avons eu des quantités. Je ne saurais passer sous silence le cas d’un Belge nommé Edouard Werner. Werner était un homme de 25 ou 26 ans, doué d’un physique très remarquable : il était très grand et très fort. Avant la guerre, il habitait Anvers où il était à l’emploi de la compagnie du Pacifique Canadien qui a un bureau dans cette ville.