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EN PRISON À BERLIN

pas la permission de jouer ici ! » Il se retire comme il était venu, et la porte se referme. Il est inutile de rapporter ici les remarques que nous avons échangées au sujet de procédés aussi incivils à l’égard d’un homme aussi distingué et aussi poli que le professeur Marteau.

Ce brave homme était père de deux charmantes fillettes respectivement âgées de quatre et de cinq ans. Or, durant ses trois mois de réclusion à la Stadvogtei, et malgré ses instances réitérées, la Kommandantur refusa catégoriquement de laisser ces fillettes rendre visite à leur père ou à leur mère.

Quelques mois plus tard, le professeur recouvrait un simulacre de liberté. On lui permit d’aller habiter un village du Mecklembourg, où il devait chaque jour faire acte de présence à la mairie, mais il lui était absolument interdit de franchir les limites de la commune.

Nous avons bien des fois fait part au professeur Marteau du bonheur que nous éprouverions de le voir visiter le Canada et les États-Unis après la guerre, et nous n’avons pas hésité à lui prédire le plus grand triomphe artistique qu’il soit possible d’imaginer, même pour un homme de son immense talent.

Deux prisonniers également très intéressants que nous avons eus comme compagnons, l’un pendant trois mois, et l’autre pendant cinq mois, furent M. Kluss et M. Borchard, députés socialistes au Reichstag. Nous avons moins connu M. Borchard que M.