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EN PRISON À BERLIN

Monsieur Marteau avait épousé une Alsacienne. Comme toutes les habitantes de cette province, ses sympathies étaient acquises à la France.

Le professeur et Madame Marteau étaient recherchés par la meilleure société de la capitale de l’Allemagne. Quelque temps après l’entrée de la Bulgarie dans la guerre, du côté de l’Allemagne, au cours d’une réunion dans le grand monde, Madame Marteau avait carrément exprimé son mécontentement de voir la Bulgarie se ranger avec les ennemis de la France.

Ces paroles de Madame Marteau, ayant scandalisé les oreilles teutones, furent immédiatement rapportées à l’autorité militaire. Le lendemain ou le surlendemain, deux détectives se présentaient à la résidence du professeur avec l’ordre de l’interner de nouveau ainsi que Madame Marteau. Madame Marteau fut enfermée dans une prison destinée aux femmes, et lui-même fut amené à la Stadvogtei, et mis au secret.

Lorsque nous posions au professeur la question suivante : — « Comment se fait-il que vous, professeur au conservatoire de Berlin, on vous ait interné ? » Il répondait, avec un fin sourire dans lequel il était impossible de lire un reproche : — « C’est à cause de ma femme »… C’était comme s’il nous eut dit : — « J’ai une femme qui parle hardiment, mais tout doit lui être pardonné, car c’est l’amour de la France qui déborde chez elle ! »

Le lendemain de cette première visite, invité à