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EN PRISON À BERLIN

sortait de la gare de Bruxelles, un couple entrait dans notre compartiment déjà rempli. Ce brave homme et sa femme s’excusèrent de leur mieux de pénétrer ainsi dans un compartiment encombré. On leur pardonna de bonne grâce, vu qu’à ce moment le trafic était déjà fortement congestionné. — C’était M. L. F… et sa femme, habitants de Gand, et voici l’aventure — leur aventure — qu’ils racontèrent aux six autres occupants du compartiment.

Comme je l’ai dit plus haut, c’était samedi, le 1er  août. Or, la veille, 31 juillet, ce monsieur gantois et sa femme rentraient en Belgique, de retour d’une excursion en Allemagne. Dans un village d’Allemagne situé tout près de la frontière belge, ils furent arrêtés et leur automobile fut saisie par les autorités militaires locales, malgré leurs protestations. Notre Gantois et sa femme durent passer la nuit dans un petit hôtel de ce village, et dormir dans une chambre du rez-de-chaussée. « De toute la nuit, dit madame F…, il nous fut impossible de clore l’œil ; ce fut un défilé continuel de troupes allemandes allant vers la Belgique. Ces soldats passaient en chantant, tambours battants, et faisant un tapage infernal. Ils chantaient : « Deutschland, Deutschland, uber alles ! »

— Le lecteur est prié de remarquer que ceci se passait le soir du 31 juillet, et dans un village qui n’était qu’à deux ou trois kilomètres de la frontière belge, et que l’ultimatum de l’Allemagne à la Belgique n’était présentée que le 2 août.

Au cours de ce voyage de Bruxelles à Ostende,