Page:Bégule - Les vitraux du Moyen âge et de la Renaissance dans la région lyonnaise.pdf/38

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
‹( 25 )›

tous les vitraux qui sont au fond du chœur, depuis le bas jusqu’en haut, et dont plusieurs sont à refaire à neuf », fut confié pour la somme de “2.000 francs à un nommé Ferrus qui, à sa qualité de maître couvreur, joignait aussi celle de destructeur patenté des anciens vitraux. Comme il le déclare lui-même, cette prétendue restauration consiste à ; démolir les verrières des chapelles latérales et à prendre les verres de couleur pour boucher tant bien que mal les vides.- des verrières du chœur[1].

Beaucoup d’églises de la région ont longtemps conservé des spécimens de ces vitreries aux couleurs criardes et aux combinaisons de mise en plombs souvent très compliquées. Un vitrier lyonnais, nommé Lesourd, de 1818 à 1845, était maître dans la confection de ces mosaïques. Il vitra la plupart des églises de Lyon, entre autres celles de Saint-Irénée, de Saint-Just, de Saint-Vincent, de Saint-Polycarpe, etc. L’antique église saint-Paul de Lyon — que l’architecte Decrenice, en 1780, ne craignit pas de mutiler, sous prétexte de restauration, faisant d’un édifice du plus pur roman une sorte de temple néo-grec — reçut des vitraux vers 1820. Lesourd exécuta dans la baie centrale de l’abside une grande croix blanche entourée de rayons d’or et accostée de tiges de roses, s’enlevant sur un fond bleu. De très nombreux fragments de verres de couleur montés en plombs donnaient à distance l’impression de gemmes enchâssées dans la croix. Cet ensemble, qui n’était point dénué de caractère, en raison de la simplicité et de la franchise du parti, caractérisait fort bien la technique employée à l’époque. À ce titre, il méritait d’être sauvegardé. Il fut détruit lors de l’agrandissement des fenêtres de l’abside pendant les dernières restaurations de 1900. Toutes nos démarches pour en retrouver les débris ont été inutiles.

Voici un autre exemple emprunté à l’ancienne collégiale de Montbrison (fig. l2). Comme dans tous travaux similaires, on n’y saurait trouver aucune trace de peinture. On avait perdu jusqu’à la notion de la vitrification et, pour accuser plus franchement certaines délicatesses du dessin, comme par exemple les détails des ornements de la mitre, que la mise en plombs ne pouvait donner, on allait jusqu’à souder des ailes de plomb qui, débordant sur la surface du verre, complétaient le dessin, dans une certaine mesure, par un effet de silhouette.

Si les fourneaux des peintres verriers étaient éteints en France, les procédés n’en étaient pourtant point perdus et leur tradition nous en était conservée par les

  1. Arch. du Rhône, fonds moderne, série N.