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Les vitraux du treizième siècle subsistent encore en très grand nombre dans la plupart de nos cathédrales et églises du Centre et du Nord. Entre toutes, c’est Chartres qui conserve l’ensemble le plus prodigieux de peintures translucide, couvrant une surface de plusieurs milliers de mètres carrés, et réparties en cent-vingt-cinq grandes fenêtres et cent-six roses ou rosaces.

Moins favorisée, comme nous l’avons déjà dit, notre région du Sud-Est est aujourd’hui relativement pauvre en vitraux du treizième siècle. Ceux de la cathédrale de Lyon seuls nous ont été conservés ; mais en revanche, leur intérêt est de premier ordre.

Fig. 4. — Le Doyen du Chapitre, Arnould de Colonges, offre la rose septentrionale
Cathédrale de Lyon, xiiie siècle

C’était, en effet. l’époque « où. sous le gouvernement d’un archevêque qui fut peut-être le plus grand prélat du temps, Renaud de Forez, le commerce, les métiers. les arts avaient pris tout le développement que comportait une ville fort heureusement située, mais placée, d’autre part, dans des conditions difficiles et, rien qu’à voir la partie de l’œuvre de la cathédrale due à cet archevêque et ce qui reste des vitraux dont il fut le donateur, on a le sentiment de l’étendue et de l’éclat d’un mouvement artistique bien fait pour nous étonner[1] ».

Les auteurs des vitraux du treizième siècle qui décorent notre cathédrale sont restés inconnus et rien ne peut nous renseigner sur leurs noms et leurs origines. Les corporations de verriers transportaient souvent leurs fourneaux de ville en ville, comme l’indique la signature d’un verrier de Chartres, qu’on lit sur un vitrail du treizième siècle dans la cathédrale de Rouen : Clemens vitrearius camulensis magister. Mais une des raisons qui tendraient à nous faire croire que les vitraux de Saint-Jean seraient l’œuvre d’artistes lyonnais, c’est que ceux du douzième et du treizième siècle diffèrent notablement, pour le style. de ceux du nord de la France. Ainsi l’influence gréco-byzantine, que nous voyons disparaître partout ailleurs avec les dernières années du douzième siècle, persiste à Lyon dans les vitraux comme dans les sculptures et les incrustations décoratives[2].

  1. Natalis Rondot, l’Ancien Régime du travail à Lyon.
  2. Cf L. Bégule, les Incrustations décoratives, Lyon, A. Roy, 1905.