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durent se contenter, pour clore les fenêtres de leurs monastères, de combinaisons géométrales en entrelacs et formées par la mise en plombs, en verres incolores et à l’exclusion de toute figure[1].

Parmi les vitraux de ce type, on peut citer ceux de Pontigny (Yonne), d’Aubazine (Corrèze), de Bonlieu (Creuse), ce dernier encore monté dans ses anciens plombs, et des fragments curieux, et très bien conservés, dans l’église peu connue de l’abbaye de Noirlac (Cher). Ajoutons, enfin, ceux de l’abbaye de la Bénisson-Dieu, dans le Forez, dont nous aurons à nous occuper.


Jusqu’ici la tutelle monastique avait réglementé toute manifestation artistique, mais nous voici au moment du grand réveil de notre art national, et nous allons assister à l’érection de ces admirables édifices, cathédrales ou simples églises, qui attestent encore aujourd’hui le génie des constructeurs du treizième siècle.

Les traditions romanes et byzantines tendent à disparaître dès la fin du douzième siècle et les imagiers, les verriers, les miniaturistes créent tout un art nouveau et vivant, en empruntant à la nature leurs motifs d’ornementation. La figure humaine, dans le vitrail, est traitée avec moins de convention, avec plus de vérité, plus de réalisme, dirions-nous, et fait songer parfois à la statuaire des cathédrales. Les fenêtres qui, dans les églises romanes, étaient de dimensions restreintes, s’élancent et se multiplient ; les rosaces immenses, aux découpures innombrables, de construction déconcertante, ajourent les transepts et les façades. Dans ses parties supérieures, la cathédrale présente l’aspect d’une colossale claire-voie.

Le maître de l’œuvre appelle alors à son aide les verriers, qui viennent de se grouper en corporation, ainsi que tous les autres corps de métiers et, de toutes parts, les ateliers se multiplient, produisant, dans une noble émulation et à proximité du monument à décorer, ces immenses et éblouissantes clôtures translucides.

La composition des verrières des basses nefs et des chapelles absidales présente, en général, la disposition des médaillons dits « légendaires », à fonds bleu

  1. Dès la fin du douzième siècle, les moines de Cîteaux introduisaient en Italie l’architecture bourguignonne. Ne pouvant, fidèles observateurs de la règle, employer la peinture dans le décor des vitraux de l’église de Fossanova, ils tournèrent la difficulté d’ingénieuse façon. Comme l’a constaté M. C. Enlart, ils ajoutèrent aux combinaisons géométriques de mise en plomb, des minces lamelles de plomb découpées à jour, en forme de perles, appliquées sur le verre. (Enlart, Origines françaises de l’architecture gothique en Italie, Paris, 1894, p. 307.)