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recouvraient des tombeaux du siècle d’Auguste. Le verre est employé de même avec la nacre, le lapis-lazuli, le porphyre, dans des incrustations décoratives du temps de Justinien à Revenue et à Parenzo. Il est possible que, dès lors, les verres de couleur aient été utilisés, concurremment avec l’albâtre, pour garnir les petites ouvertures des châssis de marbre découpé, de bois ou de bronze, qui étaient placés dans les fenêtres, à la façon d’un grillage massif. Fortunat, évêque de Poitiers, décrit l’éclat des fenêtres aux vives couleurs. Mais rien ne permet de croire que, déjà au sixième siècle, ces mosaïques de verre fussent disposées de manière à former des figures ou des groupes animés. Labarte s’est trompé lorsqu’il a vu une allusion à des vitraux dans la description que Sidoine Apollinaire nous a laissée de l’église des Macchabées, construite à Lyon par saint Patient, vers 450 :

fig. 2. — Châsse de Séry-lès-Mézières
Restitution du panneau vitré par M. Socard.
Ac sub uersicoloribUs figuris
Vernans herbida crusta saphiratos
Fleclit per prasinum vitrum lapillos.

Ces petites pierres « bleues », ce « vert d’un ton printanier » qui composent des figures variées, ce sont les cubes d’une mosaïque d’abside, pierres de couleur et émaux vitrifiés. Il en est de même des verres aux couleurs variées comme les fleurs des prairies que Prudence décrit au quatrième siècle dans la basilique de Saint-Paul-hors-les-Murs.

Le vitrail, mosaïque transparente, n’a dû apparaître qu’après la décadence des mosaïques de revêtement. La plus ancienne mention parfaitement claire de vitraux de couleur formant des « histoires », c’est-à-dire des dessins variés, remonte à la fin du dixième siècle. Au témoignage de Richer Adalbéron, évêque de Reims, qui siégea de 969 à 988, il enrichit sa cathédrale de véritables verrières : fenestris diversas continentibus historias.

La condition nécessaire du développement de l’art du vitrail était l’emploi d’une technique qui permit d’assembler dans le vide d’une baie des morceaux de verre découpés de manière à dessiner les silhouettes les plus variées. Cette technique fut celle de la mise en plombs. Des observations toutes récentes permettent d’affirmer que le plomb fut employé pour l’assemblage des verres de couleur dès l’époque carolingienne. Une châsse du neuvième ou du dixième siècle, découverte