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saint Bernard. Où chercher le plan primitif des églises cisterciennes : celui qui succédait au plan élémentaire de l’oratoire à une seule nef, fait pour recevoir une douzaine de religieux, campés dans un monastère dont les cabanes étaient de bois ?

126. Chœur de l’église d’Ebrach.
127.

Ce plan primitif, l’illustre archéologue allemand Dehio a cru le trouver dans la ruine des Vaux de Cernay. Ici, il faut imaginer une abside semi-circulaire, à la place du chevet rectangulaire qui a été bâti après coup. Les deux absidioles saillantes sur chaque bras du transept sont de profondeur inégale : depuis l’abside jusqu’à l’extrémité du transept, les saillies arrondies du chevet décroissent en manière de flûte de Pan. Ce plan n’a rien de cistercien, bien qu’il se retrouve dans les ruines du monastère cistercien de Georgenthal, en Thuringe[1] (1140 ou 1142). Il est représenté, dans la même région, par des églises bénédictines, comme celle de Thalbürgel, qui fait partie du groupe clunisien dont Hirsau était la maison-mère. Le même plan est reproduit en Suisse dans l’église clunisienne de Payerne.

En vérité, l’abbaye des Vaux de Cernay, fondée en 1118, ne fut pas cistercienne avant 1147. Fille de Savigny, une maison que saint Bernard ne comptait pas parmi les siennes et qui entra en lutte avec Clairvaux, elle représente, par son église, une architecture pré-cistercienne[2].

Le plus ancien exemple d’un plan réellement et authentiquement cistercien

  1. A. Holtmeyer, Cisterzienserkirchen Thüringens, p. 241.
  2. Voir Hope et Bilson, Architectural description of Kirkstall Abbey, p. 86, no 12.