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2.

délai, rencontra dans le monde Justine, qui lui parut devoir satisfaire ses goûts simples mais luxurieux. Celle-ci, de son côté, remarqua Charles qui lui sembla par ses manières discrètes, polies et ardentes, propre à réparer sans scandale, l’insuffisance de son mari résultant de sa froideur pour les plaisirs de l’amour. Les arrangements ne sauraient être longs quand les parties se conviennent, aussi la liaison s’établit-elle vîte, entre ces deux personnes ; Charles avait en dehors de son logement, et dans un autre quartier, une petite chambrette fort propre où se trouvaient lit, fauteuils, canapé, divan, chaises, coussins, carreaux de pieds, meubles et linges utiles pour l’objet auquel la chambrette était consacrée. Tout y était arrangé sans luxe, mais avec soin et propreté et commodité de toutes sortes. Une double petite clef permettait à Charles et Justine qui en avaient chacun une de s’y rendre séparément au jour et heure que Justine indiquait, soit d’un mot à la dérobée dans le monde où les amants se rencontraient souvent, soit par un billet qu’elle portait à la chambrette, car il avait été convenu que Charles y passerait tous les jours le matin, entre dix et onze heures, si on ne s’était pas vu la veille surtout.

Cet état de choses durait depuis dix huit mois, les amants avaient épuisé sans s’en lasser