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res, elles auraient, dès le principe, manqué de puissance ; elles n’auraient point servi le corps politique ; elles ne se seraient pas même établies ; ou, du moins, elles n’auraient eu que la durée d’un instant.

Ainsi, partout où un grand peuple s’est formé, on peut assurer que ses premières institutions ont eu une grande force, que, pour cette raison, elles ont jeté, dans le corps social, des racines profondes ; elles y ont constitué des intérêts d’une grande persistance, des intérêts capables de survivre longtemps à la chute des idées mêmes qui leur ont donné naissance, des intérêts qui, un jour, ne céderont point, ne se retireront point ; il faudra les arracher.

S’il a existé des peuples dont toutes les institutions sociales aient, pour ainsi dire, été trempées dans des idées religieuses, graves et austères, ces institutions ont retiré, d’une telle alliance, les avantages et les inconvéniens d’une forte ténacité ; elles ont éloigné, retardé les changemens, nécessaires beaucoup plus qu’elles n’au-