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tions opposées. Si la liberté convient à ses mœurs, à ses idées, à son industrie, la servitude lui est impossible ; s’il est ignorant, indolent et faible, la servitude est son besoin ; la lui donner est un bienfait ; il ne peut désirer, ni concevoir, ni supporter la liberté.

Depuis un demi-siècle, le Peuple Français est plein de force, d’activité et de lumières ; depuis un demi-siècle il est libre, sans qu’aucune Puissance humaine ait réussi à l’en empêcher. Sa liberté, préparée, amenée par les immenses progrès des lumières et de la civilisation, depuis le beau règne de Louis XIV, a existé de fait dès le commencement du règne de Louis XVI. Cet excellent Prince avait senti que l’on ne pouvait plus en reculer le droit : il l’offrit. Le Peuple mit à le saisir une ardeur passionnée ; les obstacles qu’il rencontra changèrent cette ardeur en impétuosité aveugle dans l’exaltation et le désordre de ses mouvemens, il dépassa le but ; il tomba dans l’anarchie. Pour étouffer celle-ci, il invo-